mercredi 25 mai 2011

Tous Cannibales est sang rouge à la Maison Rouge

Autour d'une exposition réunissant photographies, vidéos, installations, sculptures, dessins et peintures, la curatrice Jeanette Zwingenberger est partie d'un regard anthropologique en sélectionnant des œuvres qui touchent au rapport au corps, thème que l'on retrouve dans les questionnements de nombreux artistes contemporains. Mais cette exposition aux multiples facettes nous plonge également dans les enjeux politiques du post colonialisme. Un regard critique, cru sans être gore, mais aussi onirique sur nos sociétés et leur évolution.
Robe de viande sculptée, têtes tranchées pour Vanités photographiées, revisitation du mythe de Cronos et du thème de l’allaitement de la Vierge, les interprétations les plus variées se mêlent dans cette rétrospective extrêmement complète et d’une grande sobriété qu’il convient de saluer car il était improbable de traiter pareil thème sans sombrer dans l’étalement gore. La commissaire de l’exposition Jeanette Zwimgenberger et son équipe y parviennent avec infiniment de subtilité.
blue moon

odilon redon le mouvement idealiste en peinture 

Une sculpture violente et forte jonche le sol, corps sans tête, gras et dégoulinant. Une peau d’Homme tatoué n’est pas très loin, sans relief, sans corps.

Eclaté, morcelé comme dans la toile quasi vivante d’Adriana Varejâo « Branca em Carne Viva ». Recomposé de façon abstraite ou onirique dans le dessin d’un tube digestif complet illustré de bout en bout par des émotions, des moments de vie. Des petits dessins japonais illustrent avec humour des corps de femmes sous plastique comme de la viande ou vidés de leurs œufs tels des poissons.



« Nous sommes tous des cannibales » explique Claude Levi-Strauss au fronton de l’exposition. Il semblerait que les artistes ici représentés aient très scrupuleusement exploré cette affirmation. Autant prévenir les âmes sensibles et compassées : Tous cannibales est un parcours dur, secouant, qui retourne les tripes et les consciences. On n’en sort pas indemne : car chaque œuvre exhibée est choisie pour frapper.
S’entre dévorer est-il monstrueux, prohibé, sacré, inévitable, sexy, hype ? Entre les gravures lycanthropes de Cranach, les photos et récits de voyages et d’exploration, les représentations de sabbat, on constate que le sujet interpelle depuis des siècles. On l’assimile à l’Ailleurs sauvage, au diable, … établissant une distanciation que les artistes d’aujourd’hui s’empressent d’annuler avec un plaisir jubilatoire.


Et plus si affinités La maison rouge tous cannibales


Zeng Lingnan

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